Messagepar Le Canut » 09 janv. 2021, 16:18
Il y a 10 ans maintenant, je vous avais parlé d’une marque alors disparue, Alpine, et de sa plus belle réussite, l’A110
2 ans après nos causeries au coin du feux, en 2012, un Renault présente un concept car en avant première au grand prix de Monaco : La Renault Alpine A110-50. Bien que très loin du concept de la Berlinette, l’allure générale et le nom Alpine qui revenait à la surface, ont alors lancé une rumeur qui n’allait plus cesser : Alpine allait renaitre 14 ans après sa disparition avec une nouvelle Berlinette.
En fait, ce concept car reprend les grandes ligne d’un autre concept-car créé 2 ans plus tôt, la Renault DeZir, moteur électrique en position centrale arrière, châssis tubulaire. L’Alpine A110-50 revient à une motorisation plus classique : V6 de 3.5l, bien sûr un position centrale AR, très légère avec une caisse en Carbone.
Puis à la fin de la même année, une société Alpine est (re) créée et Carlos Tavarès se voit confier le pilotage de l’opération par Carlos Ghosn. L’annonce est promêteuse, Ghosn était un des meilleurs patrons du monde de l’automobile et Tavarès un ingénieur brillant avec une connaissance personnelle de la course auto.
En 2012, une co-entreprise est créée antre Alpine et Catheram pour porter le projet.
Comme toujours, il a des hauts et des bas. Le projet semble dormir, la crise des subrimes devient la crise de l’Euro, l’économie se porte mal. Pour ne rien arranger, les 2 Carlos se frittent et Tavarès part avec armes et bagages chez le concurrent d’en face en 2014, Peugeot. Il redressera ce constructeur avec brio, rachète la branche européenne de Ford pour la remettre sur pied dans un délais record et réalise maintenant la fusion avec Fiat Chrysler. Il est capable de réussir, Mais ceci est une autre histoire.
Chez Renault, les choses vont beaucoup moins bien. Avec le départ de Tavarès, et les mésententes avec Tony Fernandes, le partenariat avec Catheram est abandonné. Les ventes du groupe patinent, les modèles vieillissent, les incompréhensions s’accumulent entre les associées Français et Japonais de Renault-Nissan-Mitsubishi. L’Etat s’en mêle et le Ministre des finances de l’époque dépose en 2015 une bombe à retardement dans la Sté : des droits de vote double, sans prévenir personne. C.Ghosn est vent debout contre cette décision, les japonais encaissent et ne disent rien, ils préparent le coup d’après….
C.Ghosn est arrêté un an après, à son arrivée à l’aéroport de Tokyo. Il fera un parfait coupable.
Néanmoins, le projet Alpine qu’on croyait mort né, refait surface. Au Mans 2015, l’Alpine Célébration est présentée et la production est annoncée pour 2017. Dessin néo rétro alors en vogue, moteur central AR toujours de 1800cc, en provenance de la Clio RS, 250 à 300cv, poids à peine supérieur à la tonne. Ce proto revient peu après à Goodwood.. Mais aucune info précise n’est communiquée, pas la moindre vue de l’intérieur. On reste dans le flou, avec comme seul espoir : 2017 pour le lancement de la série. Faut-il y croire ?
Toujours est-il que le projet fait parler, il est plutôt bien, voir très bien, accueilli, le dessin est séduisant. Globalement, même les aficionados trouvent le clin d’oeil au dessin original de Rédelé bien vu, sans tomber dans la caricature ou la mauvaise copie.
En Janvier 2016, l’Alpine Vision est présentée au Turini (encore une référence à l’ainée). Cette Vison est dans la droite ligne de la Célébration, quelques modifications dans les lignes, mais toujours aussi peu d’information techniques. Juste une boite robotisée. Pour le reste, on reste sur sa faim….
En Décembre, le lancement est officiel, Alpine lance la vente de 1,956 voitures (année de la 1° Alpine), l’A110 version PE (pour Première Edition) pour livraison à partir de Septembre 2017. Il est demandé 2,000 € d’acompte pour une voiture dont ne sait pas grand chose si ce n’est qu’elle sera facturée entre 50 et 60,000 € !!!
Quand j’ai eu l’info, j’ai cru avoir mal compris : comment pouvaient-ils imaginer vendre une voiture dont ne sait quasiment rien, à un prix inconnu, livrable au mieux, 10 mois après ?
Et bien, ils l’ont fait. Les 1955 bons de commandes ont été vendu en un weekend et bientôt, le bon de commande de 2,000 € se revendait (très) sensiblement plus cher.
Et enfin, fin 2017, commence la production de cette A110 en 2 version, la Pure, plus dépouillée, et la Légende, mieux équipée. Le délais annoncé est de l’ordre de 6 mois. Du coup, une PE d'occasion se revendait plus chère qu'une A110 à livrer.
Une A110S, plus puissante, est venue compléter la gamme en 2019.
L’Alpine A110N, pour ceux qui aiment les chiffres, c’est 252 Cv (292 pour la S) pour 1,100 Kg, un 1,800 cc Nissan en position centrale AR, une caisse en Alu avec 4 roues pour un prix compétitif au vu des prestations. A mon sens, une très belle réussite : elle est utilisable tous les jours, permet de longs parcours autoroutiers sans aucune fatigue, et surtout, cette auto a gardé les gènes de son ancêtre : une agilité plus que remarquable dès que la route tourne un peu. Les Alpes reste un terrain de jeux privilégié pour cette Alpine.
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Quand à l’avenir ? Nous verrons bien, l’auto est bien née, le groupe Renault a un nouveau patron, Luca de Méo qui a un impressionnant CV dans l’automobile. Une de ses premières décisions a été d’annoncer qu’Alpine devenait la marque étendard du groupe pour tous les modèles sportifs et qu’en course, Alpine sera la marque affichée sur les carrosseries.
Par contre, la crise sanitaire a fait des ravages dans les ventes dans un marché auto qui s’est lui même effondré, en particulier chez nous. Se rajoute à ça, particularisme Français, la politique anti-voiture et le matraquage fiscal des grosses cylindrées mise en oeuvre par nos Enarques. De part son poids réduit, l’Alpine limite sérieusement la casse au contraire de ses concurrentes qui atteignent des sommets scandaleusement élevés.